Le Panier de la mer, la solidarité pour reprendre pied
À Lorient, cette structure récupère depuis près de vingt ans les invendus de la criée. Les poissons sont ensuite transformés par des personnes éloignées de l’emploi, puis redistribués à l’aide alimentaire.
Transformation des poissons invendus : l’histoire du Panier de la mer commence il y a un peu plus de 20 ans
Dans le Finistère, la Banque alimentaire a l’idée d’exploiter le poisson de retrait – non vendu, transformé le plus souvent en farines animales - pour le proposer aux familles démunies. L’association Panier de la mer 29 est créée en 1997. Six ans plus tard, en 2003, devant l’expérience réussie du Guilvinec, l’association Panier de la mer 56 se lance à Lorient.
« Nous récupérons du poisson invendu à la criée de Lorient grâce à une convention signée entre la Fédération des Paniers de la mer et les Pêcheurs de Bretagne, une organisation de producteurs qui promeut une pêche responsable », explique Adeline Vial, directrice du Panier de la mer 56. Les prix sont définis selon les espèces et à l’année, contrairement aux prix proposés aux mareyeurs, qui fluctuent. « Nous sommes une structure d’insertion par l’activité économique, nous ne pouvons donc pas fonctionner comme un mareyeur classique. Dans le même esprit, des partenariats ont été noués avec les transporteurs - permettant des défiscalisations - par la Fédération des Paniers de la mer. » En effet, Le Panier de la mer 56 – comme les quatre autres de la Fédération, répartis entre Bretagne et Normandie - salarie des personnes éloignées de l’emploi et ayant rencontré des difficultés personnelles et/ou professionnelles.
Espèces moins consommées
Ainsi, chaque jour, les 16 employé.e.s (1) de Lorient transforment les poissons. « Nous avons souvent affaire à des espèces moins consommées, comme le congre ou la roussette », indique la directrice. « Nous les découpons ensuite en filets ou en darnes, puis les disposons sur grille avant la surgélation », précise Yoann (2). Après, ils seront conditionnés en sachet, puis empaquetés en carton et livrés à diverses structures d’aide alimentaire un peu partout en France. « La livraison est gérée par la Fédération des Paniers, avec laquelle nous travaillons de concert pour échanger des idées et partager des réflexions sur divers sujets », ajoute Adeline Vial. En 2020, 69 tonnes de poisson ont ainsi été valorisées dans le Morbihan et 80 tonnes dans le Finistère. Les deux Paniers sont réunis depuis deux ans en un seul Panier de la mer Bretagne Sud.
Les salarié.e.s signent des contrats de six mois renouvelables, à raison de 26 heures par semaine. « Si les parcours de vie sont divers, les personnes ont toujours fait face à une situation compliquée (une séparation, un licenciement…), qui les a éloignées du monde du travail. Souvent, c’est un conseiller en insertion professionnelle qui les oriente vers notre association », souligne Adeline Vial.
« Confiance en moi »
Yoann, la quarantaine, a découvert le Panier de la mer en août 2020, alors qu’il effectuait un travail d’intérêt général. L’expérience lui a plu et il a postulé pour un contrat. « Ancien moniteur, puis directeur sportif, je luttais depuis des années contre des conduites addictives qui m’ont apporté beaucoup d’ennuis », raconte-t-il.
« Les salarié.e.s bénéficient d’un accompagnement socioprofessionnel visant à les épauler dans la construction de leur projet professionnel, mais aussi à trouver des solutions à d’autres problématiques » - Adeline Vial, directrice du Panier de la mer 56
L’association, elle, recrute sur un critère : la motivation. « L’activité a été pensée pour être accessible à tous, même à des personnes maîtrisant mal le français. Un encadrant technique accompagne les salarié.e.s dès la prise de poste. L’idée est de responsabiliser chacun des employés, pour qu’ils puissent ensuite eux-mêmes transmettre ce qu’ils ont appris », poursuit Adeline Vial. En parallèle, ils bénéficient d’un accompagnement socioprofessionnel visant à les épauler dans la construction de leur projet professionnel, mais aussi à trouver des solutions à d’autres problématiques (autour du logement par exemple). L’objectif est que chacun reprenne un rythme de travail et appréhende les codes de l’entreprise. « J’ai retrouvé un équilibre et confiance en moi, grâce notamment à la bienveillance des responsables de l’association. Même si mon avenir est incertain, les savoir-faire intégrés me permettront de trouver un CDI sur le port », déclare Yoann, reconnaissant. « Plus de 40 % de nos anciens salariés trouvent ensuite un CDI, un CDD ou une formation », abonde Adeline Vial.
D’ici à l’été 2022, l’association va se concentrer sur un projet de valorisation des coquilles Saint-Jacques et des moules trop petites. « Les deuxièmes peuvent être incorporées dans des plats préparés et leurs coquilles – comme celles des Saint-Jacques – utilisées en broyats comme amendement agricole », détaille la directrice. L’équipe planche désormais sur la mise en place de l’entreprise d’insertion qui permettra de faire vivre ce projet.
Et le financement ?
70 % du budget annuel du Panier de la mer Bretagne Sud provient de financements : Fonds social européen, Départements, Direccte.
30 % est autofinancé. Pour cela, l’association réalise, entre autres, des prestations pour des mareyeurs.
http://www.panierdelamer.fr/lorient/
(1) Ils sont 20 en tout, avec en plus quatre permanents.
(2) Ce prénom a été changé.
Contact
Propos recueillis et rédaction : Claire Baudiffier
Photos : Cyril Badet
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